A Champdeniers, région d'élevage, on compte 30 boucheries au 15e siècle. D’où l’existence de tanneries rappelées par un chapiteau de l’église figurant un rouleau de peau. Les tanneries nécessitent de l’eau, elles sont établies le long du ruisseau de la Grande Fontaine.

tanneurs

Le travail de rivière est d’abord le nettoyage qui élimine les poils, l’épiderme et le tissu cutané. Puis, la peau en "tripe" réduite à son derme est soumise au tannage et trempe dans une cuve. Reste la dernière opération, ou corroyage .

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Outre l’eau, la tannerie a besoin de tan, provenant de l’écorce des chênes ou des châtaigniers réduite en poudre par les moulins à tan. Il y a des moulins à tan dans les environs, c’est plutôt l’écorce qui manque, et on est prié de ne pas trop écorcé les arbres, jusqu’au 19e siècle où le tannage minéral aux sels de chrome apparaît (encore un peu plus polluant).

D’après le mémoire du curé REMIGIOUX, en 1774, les tanneurs de Champdeniers travaillent une quantité considérable de peaux qui sont revendues dans les foires (Champdeniers, Niort).

Comment se présentent les tanneries de Champdeniers ?

D'après un (nouveau) titre de rente foncière de 40 livres de 1783/07/03, donné par Louis GAROTEAU marchand tanneur (comme héritier de Alexandre GAROTEAU x Louise CASSEREAU), propriétaire d’une 1/2 tannerie size près la Fontaine, par indivis avec Jeanne VANDIER (vve Joseph MANNEVIS) à Jean MAYNIER tanneur. (ADDS 3E 1414), la tannerie:

Consiste en 3 neufs, 2 pelins, la moitié de la fosse, la moitié dans les cuves eschanges, claies, et grenier à poussière avec un petit emplacement renfermé et une autre petite tannerie dans laquelle est la prise d’eau, tenant d'un côté au chemin de la Roche Mariée à la Fontaine par main droite, d’autre au ruisseau de lad. Fontaine et prize d’eau, d'un bout, tannerie de Louis MAYNIER et au chemin pour aller à lad. tannerie entre deux, d'autre bout, tannerie MANNEVY.

NOTE: Le pelain est une grande cuve de bois remplie à moitié d'un mélange d'eau et de chaux éteinte. Selon l'Encyclopédie, on doit laisser les peaux dens ce mort pelain environ dix à douze jours.
Après le travail de rivière, le tanneur racle les poils restant, les peaux passent au pelain vif.

Avec l’Empire et ses armées, les tanneries sont très florissantes. En 1814, il y en a 15 en activité qui ont tanné en six mois, 134 peaux de chevaux, 270 peaux de bœuf, 430 peaux de vache, 1488 peaux de veau, 1632 peaux de mouton, et 144 peaux de chèvre soit un total de 4098 peaux. Pour cela, elles ont utilisé 75469 kg de tan.
L'industrie du cuir décline au cours du 19e siècle.

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Depuis 2001 des fouilles sont organisées par le Service Régional d'Archéologie à la demande de la commune de Champdeniers. Elles sont engagées sur une parcelle  qui présente encore des vestiges en élévation d’une tannerie. Cette tannerie existait depuis le 18e siècle comme en témoigne la date de 1742 gravée sur une des portes. Encore en activité en 1910, elle a été détruitre en 1943.

Le bâtiment de la tannerie était composée de deux pièces. La première au nord, comprend l’entrée de la tannerie et deux grandes fosses rectangulaires. Elle s’ouvre au sud sur une seconde pièce plus grande où les aménagements mis à jour, permettent de mieux appréhender le travail du tanneur.

fouilles
  1. Bassin rectangulaire dallé pour nettoyage des peaux
  2. Aire de travail dallée où étaient posés les chevalets
  3. Trois fosses circulaires pour le tannage
  4. Encore des cuves

 

Champdeniers_fouilles

 

La marque des cuirs

Est-il besoin de rappeler que l’Ancien Régime avait institué des offices de contrôleur des cuirs ? Ceux-ci percevaient des droits de marque. Un marteau appliquait la marque, une garantie, ne plaisantons pas, suivant finance.

Le contrôleur faisait ses comptes et affermait le travail. L’office de Parthenay a été détenu par Daniel QUIVOY et partagé entre ses descendants jusqu’à sa disparition en 1759 et remboursement du prix de l’office en 1773. (AN E2505 folio 454)

Tous ceux qui ont eu des pièces à fournir à l'administration admireront le dossier constitué par les deux héritiers François BASTARD et Armand Charles CHABOCEAU.

Arrêt du Conseil du Roi

21 mai 1774 au château de la Muette  n¡28

Arrêt liquidant à la somme de 325£ le remboursement de l'office de contrôleur des cuirs à Champdeniers (signé par le contrôleur général des finances, Terray)

Vu par le Roy estant en son Conseil:

1- son édit d'août 1759 par lequel sa majesté a supprimé les offices de contrôleurs, visiteurs, marqueurs, gardes ès halles et marteaux, lotisseurs, déchargeurs, vendeurs de cuirs sous quelque dénomination que ce peut-être à compter du 1er octobre 1759 et ordonné que les propriétaires des offices seroient tenus de remettre dans le mois de septembre suivant entre les mains du contrôleur général des finances leurs contrats d'aliénation, quittance et finance et autres titres de propriété des dits offices pour liquidation et remboursement;

2- L'arrêt du conseil du 26/09/1759 qui auroit établi la commission pour liquidation;

3- Les arrêts du Conseil des 18/06/1760, 17/04/1763, 22/02/1769 concernant la liquidation des offices;

4- L'arrêt du Conseil du 4/04/1773 qui a ordonné:

par l'article 1er que la commission établie cesseroit le 1/07/1773,

par l'article 3 que, à partir du 1/07/1773, les propriétaires des finances des offices seroient tenus de remettre les titres au contrôleur général des finances pour être procédé à la liquidation;

5- Les pièces produites par Armand Charles CHABOCEAU et François BASTARD Destouches et autres propriétaires et engagistes de l'office de contrôleurs des cuirs à Champdeniers:

1- Extrait fait en la chambre des comptes par M.Helyot, auditeur, le 23/08/1764, de deux comptes:

- le 1er, de François Bon, des deniers provenant de la vente des offices de visiteurs marqueurs de cuirs suivant l'édit de 1596 dans lequel est employée une quittance dudit comptable du 26/06/1603 donnée à Jean CORBIN de la somme de 339£ 19s 6d pour la revente de l'office de contrôleur des cuirs à Champdeniers en ce compris le remboursement du premier acquéreur et les 2 sols/livre

- le 2e, de Paul Ardier, des vente et revente en domaine desdits offices dans lequel est employée une quittance dudit comptable du 27/12/1609 expédiée à Daniel QUIVOY de 99£ savoir 70£ en principal et 7£ pour les 2 sols/livre de lad. somme moyennant laquelle lui a été faite adjudication de l'office de contrôleur visiteur et marqueur des cuirs au bourg de Champdeniers et 22£ pour une précédente vente faitte audit QUIVOY.

2- Expédition d'une transaction passée devant Bouvereau notaire à Parthenay le 22/05/1647 entre ledit Daniel QUIVOY propriétaire dudit office et Anne NIVAULT veuve de Jean PAJOU, fermier des droits sur les cuirs par laquelle ladite veuve PAJOU s'est acquittée de ses fermages.

3- Original d'une quittance de finance expédiée par M.Brunet garde du Trésor Royal le 18/10/1690 enregistrée au contrôle général des finances le 27 du même mois au nom de Pierre QUIVOY de 500£ à laquelle sa majesté a modéré celle pour laquelle il était employé dans l'état arrêté au Conseil pour être confirmé dans ledit office de contrôleur des cuirs audit Champdeniers conformément à la déclaration du 29/11/1689.

4- Quittance signée Rémy audit QUIVOY du 17/11/1690 de 50£ pour les 2 sols/livre des 500£.

5- Quittance de finance de Bertin trésorier des revenus casuels du 1/06/1706 enregistrée au contrôle général le 26 du même mois de 400£ pour jouir par les propriétaires des offices et droits de contrôleur et prudhomme des cuirs à Champdeniers et des parisis sols et 6d/livre du quart d'augmentation faisant le cinquième en sus desdits droits suivant la déclaration du 15/12/1703.

6- Original d'un partage sous seings privés du 8/05/1716 entre Louis CHABOCEAU et Catherine QUIVOY sa femme et Pierre HOUARD et Suzanne QUIVOY sa femme petits enfants de Pierre QUIVOY par lequel le cinquième du contrôle de la marque des cuirs de Champdeniers est échu à ladite femme HOUARD.

7- Expédition d'un acte passé devant Claveau notaire à Parthenay le 16/03/1717 portant transfert audit HOUARD par Marie QUIVOY veuve Antoine TAFFOIREAU de la cinquième partie dudit office moyennant 3£ 5s de rente foncière rachetable de 65£.

8- Original sous seing privé d'un transport du 14/01/1730 fait par Pierre ESQUOT Dupuy à Jean Baptiste ESQUOT des Jounières des parts et portions qui pouvaient lui appartenir comme héritier de Suzanne QUIVOY son ayeule et à lui avenu' par les décès des sieurs DUFRESNAY et de la CHEVALLIERE ses grands oncles dans la marque des cuirs de Champdeniers moyennant 50 sols de rente foncière.

9- Quittance de finance du sieur Bertin du 30/07/1735 enregistrée au contrôle général le 20/11 suivant donnée aux sieurs MOSNIER ROULLEAU et FLEURY propriétaires de l'office de contrôle des cuirs de Champdeniers de 104£ pour droit et confirmation dû à sa majesté à cause de son avènement à la couronne suivant la déclaration du 27/09/1723.

10- Original sous seing privé du 26/06/1740 contrôlé à Niort le 11/07/1746 contenant transport par Jean Baptiste ESQUOT à François BASTARD des droits à lui cédés par ledit transport du 14/01/1730 moyennant 50 sols de rente foncière dont il a reçu le remboursement le 16/02/1741.

11- Original d'un autre écrit sous seing privé du 6/08/1740 contrôlé à Niort le 11/07/1746 contenant vente par Gille DE LA FONTAINE audit BASTARD de sa part et portiondans la marque des cuirs à Champdeniers moyennant 50 sols de rente.

12- Expédition d'un acte passé devant Robert notaire à Champdeniers le 19/07/1741 portant vente par Renée DE LA FONTAINE veuve Isaac BASTARD cohéritière de Jacquette QUIVOY sa mère audit BASTARD de tous les droits d'office de contrôleur prudhomme droits de vendeurs, parisis, sol et 6 deniers quart d'augmentation d'iceux de la marque des cuirs de Champdeniers moyennant 50£ payées comptant.

13- Acte du 27/07/1741 devant le commis greffier de l'élection de Niort, par lequel François BASTARD propriétaire pour moitié a déposé au greffe de ladite élection l'empreinte du marteau servant à la marque desdits cuirs.

14- Expédition d'un acte passé devant Robert notaire à Champdeniers le 24/12/1745 par lequel André MASSON a vendu à BASTARD la tierce partie dans le quart des droits de l'office... qui lui appartient comme héritier de Jacquette QUIVOY son ayeule moyennant 50£ comptant.

15- Grosse d'un arrêt du Parlement de Paris le 23/01/1748 rendu entre ledit BASTARD et Louis NAUD qui condamne ce dernier à payer lesd. droits aud. BASTARD.

16- Expédition d'une sentence de Parthenay du 7/07/1717 rendue entre Jacquette QUIVOY veuve Pierre DE LA FONTAINE et François MAYNIER tanneur qui ordonne que les parties compteront entre elles.

17- et différents baux et abbonnements des droits l'un par Daniel Quivoy devant le notaire de Champdeniers le 19/06/1676 et les autres sous seing privé faits par la veuve DE LA FONTAINE les 28/06/1718 et 12/11/1725, par Pierre HOUARD et François BASTARD le 24/06/1741, par BASTARD le 10/06/1742 et 10/06/1744, par Catherine QUIVOY veuve Louis CHABOCEAU le 29/07/1750 et BASTARD les 5 et 20/11/1752

Et sa majesté ayant égard aux représentations qui lui ont été faites par lesd. propriétaires sur l'impossibilité où ils sont de raporter d'autres titres que ceux qui viennent d'être énoncés, oui le rapport du S. abbé TERRAY conseiller ordinaire au conseil royal, contrôleur général des finances, le Roy, étant en son conseil, a liquidé à la somme de 325£, le remboursement, conformément au prix de la vente qui a été faite du cinquième dudit office le 16/03/1717 ci-devant énoncé, ladite somme de 325£ plus 188£ 10s pour intérêts à 4% à compter du 1/10/1759 jour de leur deposession jusqu'au 1/04/1774 ensemble 513£ 10s.

Le même jour sont liquidés des offices analogues dans toute la France.

Point de vue généalogique

Du point de vue généalogie, ce dossier devrait être une aubaine, mais il n'est pas clair. Il restait deux hériers BASTARD et CHABOCEAU en 1774.

Daniel QUIVOY avait un fils Pierre QUIVOY (1617? -1695) sr des Touches, avocat au bailliage de Gâtine, sénéchal de Châteauneuf, lieutenant général du duché de la Meilleraye, qui était marié à Jeanne GOUDEAU.

Il avait hérité de l'office et avait six enfants, or il est question d'un partage en 5. Et tous les enfants sont cités dans ce dossier :

  1. Suzanne QUIVOY x Michel ESQUOT
  2. Jacquette QUIVOY x Pierre DELAFONTAINE
  3. Pierre QUIVOY Dufresnay.
  4. Jean QUIVOY sieur de la Charouillère
  5. Louis QUIVOY x Charlotte PEPIN
  6. Marie Guyonne QUIVOY x Antoine TAFFOIREAU, puis Jacques JOUSSEAUME

 

1) Les parts ESQUOT passent aux petits fils Pierre ESQUOT Dupuy et Jean Baptiste ESQUOT des Jounières qui reprend en 1730 les parts de Pierre ESQUOT, parts qui seront cédées à François BASTARD en 1740.

2) Jacquette a 3 héritiers

  1. Gilles DELAFONTAINE x Renée BEAUDOUIN
  2. Renée x Isaac BASTARD
  3. Jeanne DELAFONTAINE x André MASSON d'où un fils André MASSON

Ceux-ci se partagent les tiers de cinquièmes parts de l'office qui aboutissent par leurs échanges à François BASTARD fils de Renée.

3 et 4) Pierre et Jean QUIVOY ont cédé leurs parts aux ESQUOT

5) Louis sr du Puy d'Allemort a eu deux filles

  1. Catherine QUIVOY x Louis CHABOCEAU
  2. Suzanne QUIVOY x Pierre HOUARD.

Il résulte d'un partage entre elles que le cinquième de l'office revient à Pierre HOUARD en 1716.

6) La dernière fille Marie QUIVOY a cédé son cinquième à HOUARD en 1717

C'est donc HOUARD qui semblait avoir réuni plusieurs parts et on ne dit pas s'il les a cédées aux CHABOCEAU, mais il se peut que Pierre HOUARD n'ait pas eu de descendance, ses deux filles Marie-Catherine et Marie-Jacquette HOUARD étant ursulines.

Quoi qu'il en soit cinquièmes ou sixièmes d'office, on voit l'appétit de cette famille pour les emplois administratifs, appétit satisfait dans les fonctions révolutionnaires qui les verra maires de Parthenay (Jean Baptiste ESQUOT fils, Louis Charles CHABOCEAU) membres de directoire de district (Jacques François BASTARD).